Deutsch-französisches Atelier

Les occupations représentent pour les populations de la première moitié du vingtième siècle, et ce au niveau mondial, une expérience de vie très largement répandue. Etroitement liées au phénomène guerrier, elles s’en distinguent cependant par de nombreux aspects. Elles sont notamment le lieu d’une ‘rencontre’ entre des occupants – le plus souvent des militaires – et des occupés – le plus souvent des civils : femmes, enfants, etc. Elles s’accompagnent le plus souvent de violences à l’égard des civils occupées. Expériences et violences à l’intensité variable seront au centre de cet atelier.
Pour les populations occupées, mais aussi pour les occupants, ces périodes s’accompagnent souvent d’une réaffirmation, d’une redéfinition ou d’une construction d’identité en opposition à l’autre, le plus souvent considéré comme un ennemi. La collaboration avec cet ennemi pouvant engendrer en retour au sein de la communauté occupée des tensions pouvant aller jusqu’à la guerre civile larvée voire active. Cette influence des périodes d’occupation sur la redéfinition des identités – notamment nationales – explique – outre l’ignorance de la langue étrangère de l’ancien occupant ou occupé – en grande partie pourquoi, comme l’a montré Philippe Burrin, l’historiographie des occupations demeure jusqu’à aujourd’hui une historiographie essentiellement nationale.
Trop rares sont en effet les études tentant de croiser les expériences des occupants et des occupés, ne serait-ce qu’en utilisant des sources provenant des « deux camps » en présence. Cet atelier, s’inscrivant dans la continuité d’un séminaire du CRIA (EHESS), se propose donc d’aborder le problème historique posé par les occupations en dépassant le cadre national d’analyse de celles-ci. Afin de les saisir dans leurs complexités nous nous proposons d’interroger ces « expériences d’occupations » en faisant varier les échelles d’analyses et en multipliant analyses comparées – diachroniques et synchroniques – et croisées.